par Jean-François Loiseau
publié le 28 octobre 2017, mis à jour le 12 avril 2023
Saint-Cosme-en-Vairais est située à la bordure du Perche, dans le nord-est du département de la Sarthe (France) et est limitrophe avec le département de l'Orne.
La commune est née le 1er janvier 1965 de la fusion de Saint-Cosme-de-Vair, de Champaissant et de Contres-en-Vairais. Elle comptait 1997 habitants au recensement de 2015.
Saint-Cosme-en-Vairais est un des principaux foyers d'émigration percheronne vers la Nouvelle-France (Québec) au XVIIe siècle. Julien Fortin, ancêtre maternel direct de Madonna, en est originaire. Plus d'une trentaine de personnes baptisées ou ayant vécues à Saint-Cosme-en-Vairais migrèrent entre 1643 et 1662 vers la Nouvelle-France, certaines en famille et d'autres seules.
Bien que n'ayant pas d'ouverture directe sur la mer, le Perche a envoyé au cours du XVIIe siècle un bon nombre de ses habitants pour la colonisation de la Nouvelle-France. Artisans, bûcherons, laboureurs venus du Perche ont été parmi les premiers colons à arriver en Nouvelle-France au XVIIe siècle.
En 1627, alors qu'une épidémie sévissait au point que l'on avait dû édifier un nouveau cimetière à Contres, Robert Giffard de Mortagne-au-Perche débarquait au Canada et s'installait à Beauport, pour en devenir le seigneur des lieux.
Désireux d'y demeurer et d'y fonder un établissement, Robert Giffard revenait peu de temps après dans son pays natal. Il organisa de nombreuses réunions d'informations dans le Perche afin de convaincre les habitants de partir.
A Saint-Cosme-en-Vairais, Robert Giffard tenait ses réunions à l'Auberge du Cheval Blanc, dans le centre du bourg.
« Au commencement du XVIIe siècle, l'Hôtel du Cheval Blanc était le plus réputé au pays. Des membres de la famille Fortin-Lavye en étaient propriétaires
dès 1617 en la personne de Gervais Lavye et son épouse, grands-parents maternels de Julien Fortin, le Canadien, qui la cédèrent ensuite à Mathurin Fortin et
son épouse Anne Maillard, oncle et tante de Julien. Le fils aîné des époux Fortin-Maillard, prénommé Toussaint qui épouse en 1642 Madeleine Épinette,
en devint ensuite propriétaire. Cet établissement était le rendez-vous des voyageurs qui circulaient à cet époque, soit à pied, à cheval ou en diligence et c'est là que
Robert Giffard, ancien chirurgien de Mortagne, devenu Seigneur en la côte de Beauport, est venu à plusieurs reprises faire des conférences pour engager les jeunes gens de St-Cosme à venir peupler sa Seigneurie, en leur offrant des terres gratuitement.
Ces entretiens convainquirent 27 courageux enfants de St-Cosme à le suivre en Nouvelle-France et leurs descendants s'y comptent aujourd'hui par milliers. » [1]
Saint-Cosme-en-Vairais correspond au territoire de quatre anciennes paroisses dont chacune possédait une église. Celle de la paroisse Notre-Dame-de-Vair a été démolie au XIXe siècle.
L’actuelle église Saint-Côme et Saint-Damien est l’ancienne église de la paroisse de Saint-Cosme-de-Vair. Elle est dédiée à Saint-Côme et à Saint-Damien, deux frères originaires d’Arabie qui
ont vécu au IIIe siècle. Les origines de l’église remontent à la fin du XIe siècle et au début du XIIe siècle. D’origine romane, l’église est remaniée et agrandie à différentes époques.
Des origines (fin XIe-début XIIe siècle) ne subsiste que la partie ouest. L’imposante tour-clocher de forme carrée date du XIVe siècle. La nef, à deux vaisseaux, est séparée des bas-côtés
par des colonnes de style roman. Le choeur date de 1605. Il est l’oeuvre d’un maître-maçon de Saint Aubin des Coudrais, Jehan Seguin.
Construite au XIIe siècle dans l'ancienne paroisse de Champaissant, l'église Saint-Médard s'élève au coeur du bourg. Elle se compose d'une nef unique à chevet plat éclairée autrefois par de petites fenêtres.
Elle possède un portail roman abrité par un porche en bois dit balet sous lequel on se réunissait à la sortie de la messe pour discuter des affaires de la paroisse. Ces éléments patrimoniaux sont exceptionnels par la rareté des exemples conservés dans la région.
L'église Saint-Augustin est située dans l'ancienne commune de Contres-en-Vairais. Sa construction date du début du XVIe siècle,
mais il ne s'agit sans doute pas du premier édifice chrétien de cette ancienne paroisse. Un premier agrandissement est fait en 1697 avec la construction du bas-côté sud.
Une nouvelle extension est réalisée entre 1860 et 1863 avec la construction du bas-côté nord et de la tour-clocher. Les vitraux datent de la même époque.
On peut notamment y voir un superbe vitrail dans le choeur, représentant Saint-Augustin, Saint-Michel et Saint-Charles-Borromée.
Le mécanisme d'une ancienne horloge du XVIe siècle est visible à l'intérieur de l'église. Cet édifice a fait l'objet d'importants travaux de restauration en 1999-2000 (clocher et façade) et 2004 (vitraux).
Départ | Emigrant·e·s | |
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vers 1643-1644 |
Louis Gagné[a] (~30 ans) Marie Michel (~24 ans) Louise Gagné (~1 ans) |
Louis Gagné ou Gasnier est baptisé en l'église Saint-Martin d'Igé le 13 septembre 1612. Louis et sa femme Marie Michel sont habitants de Saint-Cosme-de-Vair en 1639.
Leur fille Louise est baptisée en l'église Saint-Martin d'Igé le 21 janvier 1642. Ils partent avec leur fille Louise vers 1643-44 en Nouvelle-France.
Le frère de Louis, Pierre Gagné, et sa famille les rejoindront dix ans plus tard.[2] |
vers 1649 |
Antoine Rouillard dit Larivière (~35 ans) |
Antoine Rouillard, charpentier et scieurs de longs, est célibataire quand il quitte la France pour le Canada vers 1649.[3]
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vers 1650 |
Julien Fortin dit Bellefontaine (~29 ans) |
Julien Fortin est baptisé à Notre-Dame-de-Vair le 9 février 1621. Célibataire, il part seul en Nouvelle-France vers 1650.
Il est mentionné pour la première fois le 26 décembre 1650 à Québec ; il obtient alors une première terre selon l'historien Marcel Trudel (1917-2011).[4] |
vers 1650 |
Gervais Bisson (~48 ans) |
Gervais Bisson est né vers 1603 à Contres. Gervais est parti seul en 1650 vers le Canada où ses deux fils qu'il eut avec Marie Lereau le rejoindront plus tard.[5]
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vers 1650 |
Claude Bouchard dit "Le Petit Claude" (~26 ans) |
Claude Bouchard est né vers 1626 à Saint-Cosme-de-Vair. Célibataire, Claude Bouchard part vers 1650 en Nouvelle-France.[6]
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vers 1652 |
Florent Bisson dit Saint-Côme Jeanne Yvon Mathurine Bisson (~15 ans) Michel Bisson (~13 ans) |
Florent rejoindra au Canada son frère Gervais avec deux ans de retard. Il part avec sa femme Jeanne Yvon et ses deux enfants Mathurine et Michel. En 1652, la vaste Nouvelle-France est le lieu de son travail. Sa première apparition est au contrat de mariage d'un autre ami du Vairais, Julien Fortin, le 23 octobre 1652.[7] |
vers 1652 |
Pierre Maufay[a] (~23 ans) |
Pierre Maufay est baptisé le 28 janvier 1625 à Igé, église Saint-Martin. D'après son acte de mariage et son contrat de mariage, il se dit originaire de Saint-Cosme-de-Vair. Sa mère demeure à Saint-Cosme-de-Vair jusqu'à sa mort.
Pierre Maufay est le seul de sa famille à émigrer en Nouvelle-France vers 1652. Il avait 23 ans quand il est arrivé au Canada.[8] |
vers 1652 |
Michel Roullois (~33 ans) Jeanne Malin (~32 ans) Jacqueline Roullois (~8 ans) Madeleine Roullois (~5 ans) |
Michel Roullois part avec sa femme, Jeanne Malin, et leurs filles, Jacqueline et Jeanne.[9]
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entre 1652 et 1654 |
Marie Lereau (~30 ans) Gervais Bisson (~9 ans) Antoine Bisson (~6 ans) |
Marie Lereau, femme de Gervais Bisson, décide de rejoindre avec ses fils, Gervais et Antoine, son mari parti plus tôt.
La date du départ de Marie et ses enfants n'est pas connue précisément ; elle se situe entre le 1er octobre 1651, date du baptême à Saint-Cosme-de-Vair de son fils Jean Bisson dont on ne trouve pas de trace au Québec et
le 29 décembre 1654, date de naissance de Simone Barbe Bisson à Québec.[5]
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vers 1653 |
Charles Pouliot (~25 ans) |
Charles Pouliot part vers 1653 seul en Nouvelle-France.[10]
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vers 1653 |
Pierre Gagné (~43 ans) Marguerite Rosée[b] (~38 ans) Louis Gagné dit Belleavance (~10 ans) Pierre Gagné (~8 ans) Nicolas Gagné[c] (~2 ans) |
Pierre Gagné ou Gasnier, baptisé à Igé en 1610, est établi à Saint-Cosme-de-Vair
quand il décide de partir pour le Canada vers 1653 avec son épouse Marguerite Rosée et leurs trois enfants, Louis dit Belleavance (sieur de la Fresnaye), Pierre et Nicolas. Il semble qu'il ait rejoint son frère Louis et sa femme Marie Michel, arrivés dans la colonie vers 1643-44.[11] |
vers 1655 |
Simon Lereau[a] (~31 ans) |
Simon Lereau, fils de René Lereau et de Marguerite Guillin, est baptisé le 10 octobre 1624 en l'église Saint-Martin d'Igé.
Ses parents ont vécu à Saint-Cosme-de-Vair. Simon déclare être originaire de Saint-Cosme-de-Vair
dans son contrat de mariage avec Suzanne Jarousseau passé le 31 octobre 1655 à Québec devant maître Claude Aubert.
Il se marie le 27 novembre 1655 à l'Ile d'Orléans. Simon Lereau décède entre le 2 novembre 1670 et le 7 janvier 1671 et laisse des biens considérables dont une maison dans la Basse Ville de Québec.[5][12] |
vers 1656 |
Jacques Dodier (~19 ans) |
Jacques Dodier est né vers 1637 dans la paroisse Saint-Médard de Champaissant. Célibataire, il part vers 1656 en Nouvelle-France.[13]
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vers 1657 |
Simon Rocheron (~24 ans) Gervais Rocheron (~23 ans) Marie Rocheron (~18 ans) |
Simon, Gervais et Marie Rocheron sont les enfants de Julien Rocheron et Martine Lemoine.
Ils ont été baptisés à Saint-Cosme-de-Vair et sont partis pour la Nouvelle-France vers 1657, sans leurs parents.
[14]
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vers 1658 | René Chavin |
On estime la date d'arrivée de René Chavin en Nouvelle-France à 1658; il y est mentionné pour la première fois dans un acte notarié daté du 29 juillet 1658.[19] |
vers 1658 |
Michel Lhomme (~31 ans) |
Michel Lhomme est baptisé le 17 novembre 1627 dans la paroisse Notre-Dame-de-Vair. On estime la date d'arrivée de Michel Lhomme en Nouvelle-France à 1658; il y est mentionné pour la première fois lors de son mariage le 19 août 1658 à Québec avec Marie Valade.[15] |
vers 1660 |
Jean Royer (~26 ans) |
Jean Royer est baptisé à Notre-Dame-de-Vair le 29 mars 1634. Célibataire, Jean Royer arrive au Canada vers 1660.
Le 3 janvier 1661, il obtient une concession de Charles de Lauzon dans la seigneurie de Liret (Sainte-Famille).[16] |
vers 1661 |
Martin Boulard (~22 ans) |
L'origine exacte de ce migrant est douteuse car il n'existe aucune mention du patronyme ou surnom Boulard dans les archives paroissiales de Saint-Cosme en Vairais.
Le père Archange dit qu'il est né vers 1639, l'historien Marcel Trudel (1917-2011) qu'il vient du Perche. Il était au service de Noël Pinguet,
fidèle compagnon de Robert Giffard. Il obtient une terre le 10 septembre 1661 et périt noyé le 27 du même mois à Château-Richer où il est inhumé le surlendemain.[17] |
vers 1662 |
François Garnier dit Pelerin (~24 ans) |
François Garnier dit Pelerin est baptisé à Saint-Cosme-de-Vair le 26 février 1638. Célibataire, il arrive au Canada vers 1662.[18] |