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Le Perche, terre d'émigration
vers le Québec au XVIIe siècle
Le Perche, terre d'émigration vers le Québec au XVIIe siècle

Tourouvre (Orne, France)


par Jean-François Loiseau
publié le 28 octobre 2017, mis à jour le 16 avril 2023

Tourouvre est le lieu d'Europe qui a contribué, pour la plus grande part, au peuplement du Nouveau Monde.

Elisée Reclus

Elisée Reclus (1830-1905)

Géographe français

Tourouvre est un village du Perche, situé dans le département de l'Orne en région Normandie (France). Depuis le 1er janvier 2016, Tourouvre est rattaché à la commune nouvelle Tourouvre-au-Perche qui regroupe 10 communes déléguées (Autheuil, Bivilliers, Bresolettes, Bubertré, Champs, La Poterie-au-Perche, Lignerolles, Prépotin, Randonnai et Tourouvre).

Tourouvre a été au XVIIe siècle le principal foyer de l'émigration percheronne au Canada. On a pu recenser 48 percherons originaires de Tourouvre qui ont émigré au Québec au XVIIe siècle. Bon nombre d'émigrants tourouvrains étaient célibataires. Certains se marièrent en Nouvelle-France et y firent souche comme les Pelletier, Gagnon, Guyon/Dion, Rivard. D'autres retournèrent au pays leur contrat terminé. Les trois feuilles d'érable sur les armoiries de la ville de Tourouvre rappellent le départ de ces tourouvrains vers le Canada.

Pas étonnant donc que Tourouvre ait été choisi pour accueillir la Maison de l’Emigration française au Canada qui a ouvert ses portes au public le 1er octobre 2006.

La commune de Tourouvre est jumelée depuis le 8 septembre 1985 avec Saint-Laurent-en-l'Île-d'Orléans au Québec, là où plusieurs de ses enfants ont fait souche.

Nef de l'église Saint-Aubin de Tourouvre © 2014 www.perche-quebec.com Nef de l'église Saint-Aubin de Tourouvre © 2014 www.perche-quebec.com

Eglise Saint-Aubin de Tourouvre

Trois vitraux et plusieurs plaques à l'intérieur de l'église Saint-Aubin de Tourouvre rappellent l'émigration tourouvraine au Canada.

Sur la plaque apposée par l'Association Perche-Canada à la mémoire des émigrants du XVIIe siècle, on peut y lire, entre autres, le nom de Jean Guyon et celui de Julien Mercier dont l'arrière-petit-fils Honoré (1840-1894) deviendra Premier ministre de la province du Québec (1887-1891). Un vitrail de l'église Saint-Aubin évoque la visite de ce célèbre descendant en mai 1891 sur la terre de ses ancêtres.

L'église Saint-Aubin est d'origine romane comme l'attestent l'ancien porche et les petites baies en plein cintre du mur sud de la nef. Agrandie au XVe siècle d'un bas-côté nord percé de six baies au réseau flamboyant, sa façade sud s'éclaira à la même époque de fenêtres gothiques.

Plusieurs campagnes de travaux ont affecté l'édifice dans la première moitié du XVIIe siècle :
- abside à cinq pans, actuelle sacristie, bâtie en 1615 par Robert de la Vove
- escalier en pierre blanche construit en 1615 par Jean Guyon
- sur la façade sud, percement de deux fenêtres en plein cintre dont l'une, près de l'abside, est datée de 1646.

De plan carré, la tour du clocher-porche est étayée à ses angles de contreforts à ressauts amortis par une corniche, probablement bâtie peu après la construction du bas-côté nord, est défendue par trois archères-canonnières. Des fenêtres géminées, en anse de panier, éclairent le niveau supérieur. La restauration du XIXe siècle est notable sur les deux contreforts nord, en granit, et d'une taille beaucoup plus sèche. Le dôme octogonal, prolongé d'un campanile, a remplacé la flèche renversée par la tempête en 1707.
source : Plaque apposée à l'entrée de l'église Saint-Aubin
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Départ pour le Canada de
Julien Mercier (vers 1647)

et de quatre-vingt familles de Tourouvre et des environs
(Lorin, Chartres 1892 - I.S.M.H.)
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Visite à Tourouvre de
Honoré Mercier (1891)

Premier ministre du Québec
(Lorin, Chartres 1892 - I.S.M.H.)
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Offrande de
l'Abbé Marre-Desperriers (1891)

Doyen de Tourouvre
(Lorin, Chartres 1892 - I.S.M.H.)
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Les émigrants tourouvrains

Départ Emigrant·e·s
1634 Henri Pinguet (44 ans)
Louise Lousche (45 ans)
Françoise Pinguet (9 ans)
Noël Pinguet (4 ans)
Pierre Pinguet (3 ans)
Le couple Henri Pinguet et Louise Lousche a eu neuf enfants, tous baptisés à Tourouvre. Quatre atteindront l'âge adulte et trois émigreront avec leurs parents vers la Nouvelle-France en 1634.
1634 Noël Juchereau (41 ans)
Noël Juchereau, commis général de la Compagnie des Cent-Associés, part pour la première fois au Canada en 1634 avec Robert Giffard mais ne s'y installera pas définitivement. Il restera célibataire et meurt en France à Orléans en 1648.
1634 Jean Guyon (42 ans)
À l'appel de Robert Giffard, le maître maçon Jean Guyon baptisé à Tourouvre mais habitant de Mortagne quitte la France au printemps 1634 avec le premier groupe de colons composés d'habitants de Mortagne et de Tourouvre. Il est alors accompagné de son fils aîné Jean. Son épouse Mathurine Robin et cinq autres de leurs enfants ne les auraient rejoints que deux années plus tard en 1636.
vers 1640 Mathurin Gagnon (~34 ans)
Jean Gagnon (~30 ans)
Les trois frères Gagnon (Mathurin, Jean et Pierre) rejoignent le Québec vers 1640 avec leur mère Renée Roger originaire de La Ventrouze. Mathurin et Jean sont baptisés à Tourouvre respectivement en 1606 et 1610 tandis que Pierre l'est à La Ventrouze en 1612.
1641 Michelle Mabille (49 ans)
Guillaume Pelletier (17 ans)
Jean Pelletier (14 ans)
Quatre Pelletier migreront du Perche vers la Nouvelle-France au XVIIe siècle : les frères Antoine et Guillaume Pelletier originaires de Bresolettes et deux fils de ce dernier, Guillaume et Jean. Michelle Mabille, épouse de Guillaume père dit le Globoteur, les accompagne.
1643 Mathieu Fanuel (~23 ans)
Mathieu Fanuel, sieur de la Gasserie, ne fera pas souche en Nouvelle-France. A la fin de son engagement de trois ans, il revient dans son village natal de Tourouvre.
vers 1643 Marguerite Gagnon (~45 ans)
Marguerite Gagnon, épouse d'Eloi Tavernier, migre au Québec quelques années après ses trois frères (Mathurin, Jean et Pierre). Elle est accompagnée de ses deux filles Marguerite et Marie.
vers 1643 Jean Juchereau (~51 ans)
Selon le PREFEN, Jean Juchereau migre au Québec en 1643 avec son épouse Marie Langlois et deux de leurs enfants Jean et Geneviève. D'autres sources estiment que Jean part au Québec dès 1634 avec les premiers colons tourouvrains. Il est possible que Jean ait traversé plusieurs fois l'Atlantique. Son fils Nicolas, sieur de Saint-Denis, est présent en Nouvelle-France en 1641. Les deux autres fils Louis et François resteront au pays percheron.
vers 1644 Robert Giguère (~28 ans)
D'autres membres de la famille de Robert Giguère migreront en Nouvelle-France vers 1650-1651: Jean Roussin cousin germain par alliance, Françoise Roussin, Nicolas Roussin, Louise Roussin tous trois cousins issus de germain.
vers 1644 Sébastien Legrand (~44 ans)
Sébastien Legrand décède peu de temps après son arrivée en Nouvelle-France, le 28 juillet 1647 à Québec en état d'ébriété, sans descendance. En 1649, Jean Creste, neveu de Sébastien Legrand, migre en Nouvelle-France.
1646 Charles Guilleboust (37 ans)
Célibataire, Charles Guilleboust part au Canada en 1646, engagé comme domestique par Noël Juchereau.
1646 François Mabille (27 ans)
François Mabille est engagé comme scieur de long pour une durée de 5 ans au service de Jean Juchereau. A l'issue de son engagement, il revient dans le Perche et y retrouve son épouse qui ne l'avait pas accompagné en Nouvelle-France.
1646 Antoine Mery
Antoine Mery est engagé pour une durée de 3 ans. Il n'a pas fait souche au Canada où on ne retrouve aucune trace de cet engagé.
1646 Mathurin Provost (40 ans)
Mathurin Provost est engagé pour une durée de 3 ans. Il n'a pas fait souche au Canada où on ne retrouve aucune trace de cet engagé.
1647 Jacques Aubin (~26 ans)
Jacques Aubin n'a pas fait souche au Canada. Il rentre en France vers 1654. Son jeune frère Michel partira en Nouvelle-France vers 1663.
1647 Philibert Chaudon (46 ans)
Philibert Chaudon est engagé pour une durée de 3 ans au service de Noël Juchereau. On ne retrouve aucune trace de l'engagé en Nouvelle-France où son épouse ne l'a pas accompagné.
1647 Raoullin Frondière
Raoullin Frondière est engagé pour une durée de 3 ans mais il n'est pas certain que ce percheron soit parti au Canada. On n'en trouve aucune trace dans les registres québécois et fin de l'année 1648, sa présence est attestée à Tourouvre sur une quittance.
1647 Jean Malenfant (22 ans)
Jean Malenfant est engagé pour une durée de 5 ans au service de Jean Juchereau. Il n'a pas fait souche au Canada. Il semble qu'il soit rentré dans le Perche après son engagement terminé en Nouvelle-France.
1647 Julien Mercier (26 ans)
Julien Mercier est engagé pour une durée de 3 ans au service de Noël Juchereau. Ce pionnier fera souche et laisse une nombreuse descendance au Québec.
1647 Pierre Piaud
Pierre Piaud est engagé pour une durée de 3 ans au service de Jean Juchereau. L'émigrant n'a pas fait souche au Canada. Il semble qu'il soit rentré dans le Perche après son engagement terminé en Nouvelle-France.
1647 Daniel Trémond (24 ans)
Daniel Trémond est engagé pour une durée de 3 ans au service de Jean Juchereau. L'émigrant n'a pas fait souche au Canada. Il semble qu'il soit rentré dans le Perche après son engagement terminé en Nouvelle-France.
1647 René Visage (17 ans)
René Visage est engagé pour une durée de 3 ans au service de Jean Juchereau. L'émigrant n'a pas fait souche au Canada. Il semble qu'il soit rentré dans le Perche après son engagement terminé en Nouvelle-France.
vers 1647 Jacques Loiseau (27 ans)
Jacques Loiseau est engagé pour une durée de 3 ans au service de Noël Juchereau. Il ne parviendra pas à se marier en Nouvelle-France ;trois contrats de mariage seront successivement annulés à Trois-Rivières.
1648 Nicolas Rivard (31 ans)
Nicolas Rivard est engagé pour une durée de 3 ans au service de Noël Juchereau. Ses descendants au Québec sont connus aujourd'hui sous les noms de Dufresne, Lacoursière, Laglanderie, Lanouette, Lavigne et Rivard.
vers 1648 Mathurin Goyer (~27 ans)
Mathurin Goyer est veuf lorsqu'il part en Nouvelle-France. Ce soldat et caporal de milice épouse une fille du roi en 1669 à Montréal avec qui il aura trois enfants.
vers 1648 Jean Creste (22 ans)
Neveu de l'émigrant Sébastien Legrand, Jean Creste épouse en 1654 à Québec la percheronne Marguerite Gaulin.
1650-1651 Jean Roussin (52 ans)
Louise Roussin (~8 ans)
Madeleine Roussin (~26 ans)
Françoise Roussin (19 ans)
Nicolas Roussin (16 ans)
Veuf de Madeleine Giguère, Jean Roussin émigre en Nouvelle-France en 1650. Ses deux filles Louise et Madeleine pourraient l'avoir accompagné à cette date. Ses deux autres enfants Françoise et Nicolas le rejoignent en 1651.
vers 1659 Jean Collet
On trouve une seule preuve de la venue de cet émigrant en Nouvelle-France lors de sa confirmation le 2 février 1660 à Château-Richer. Collet pourrait être une variante orthographique de Goulet. Jean Collet pourrait être le frère du pionnier Jacques Goulet qui arriva en Nouvelle-France en 1646 avec son épouse Marguerite Mullier.
vers 1661 Robert Geoffroy (~21 ans)
Robert Geoffroy n'a pas fait souche au Canada. Après quatre ans passés en Nouvelle-France, il rentre en France.
vers 1662 Pierre Cochereau (~20 ans)
Pierre Cochereau n'a pas fait souche au Canada. Il est de retour en France en 1678 et ne reviendra pas au Canada. On le retrouve marchand du village de Renouard (Orne, France) en 1678 puis manoeuvre à Paris en 1680.
vers 1662 Aubin Lambert (~30 ans)
En 1670, Aubin Lambert épouse la parisienne Elisabeth Aubert, une fille du roi. Françoise Marguerite, une de leurs dix enfants épousera l'émigrant percheron Michel Chastel originaire de Randonnai (Orne).
vers 1662 François Provost (~24 ans)
François Provost fait souche en Nouvelle-France. Sa famille est alliée aux Gagnon et sa mère Catherine Cornilleau est parente de Roberte Cornilleau, la mère de l’émigrant Julien Mercier.
vers 1662 Robert Rivard (~24 ans)
Robert Rivard fait souche en Nouvelle-France, comme son frère Nicolas. Les descendants de Robert Rivard sont connus sous les noms de Bellefeuille, Feuilleverte, Loranger, Maisonville, Montendre et Rivard.
vers 1663 Michel Aubin (~24 ans)
Michel Aubin, frère de Jacques, part vers 1663 en Nouvelle-France. Contrairement à son frère ainé, il s'établit sur l'Île d’Orléans où il épouse la fille du roi Marie Prévost. Deux enfants naîtront de cette union.
vers 1663 Antoine Lefort (~22 ans)
Antoine Lefort épouse le 9 février 1666 à Château-Richer, Marie Doyon, petite-fille de Mathurin Gagnon. Veuf, Antoine Lefort épouse en secondes noces Anne Avart, une fille du roi.
vers 1730 François Drouet (~28 ans)
François Drouet fait souche en Nouvelle-France. Il s'établit avec son épouse à Québec.
vers 1735 Jacques Gagnon (~21 ans)
Au XVIIIe siècle, la Nouvelle-France semble exercer le même attrait sur un autre Gagnon tourouvrain ; Jacques Gagnon, baptisé à Tourouvre en 1713, rejoint le Québec vers 1735 ou 1741 selon diverses sources.

Maison de l’Emigration française au Canada

Maison de l’Emigration française au Canada - Tourouvre © 2014 www.perche-quebec.com
Une région souche
Illustration du lien historique privilégié entre le Canada et la France, la Maison de l’Emigration française au Canada a été inaugurée à Tourouvre le samedi 30 septembre 2006 par l'Ambassadeur du Canada en France, Claude Laverdure, et le Président de la Communauté de Communes du Haut Perche, Guy Monhée.
Un lieu de rencontres
Centre d'interprétation de l'émigration française et percheronne au Canada, la Maison de l’Emigration française au Canada se veut être une actualisation des connaissances scientifiques sur le phénomène de l'émigration française avant 1760, un lieu de rencontre, ainsi qu'une passerelle ouverte sur l'avenir et le développement de nouvelles relations.
Découvertes et recherche
Lieu de mémoire, la Maison se donne aussi pour mission de développer les liens entre les français - qu'ils soient du Perche ou d'ailleurs - et leurs descendants d'Amérique du Nord, dans le cadre d'expositions, de rencontres, d'échanges généalogiques, de manifestations culturelles et d'activités pour les jeunes. Les visiteurs y trouveront de l'information de nature démographique et généalogique permettant de reconstituer l'histoire et de mieux comprendre le contexte social et individuel des émigrants français qui ont quitté leur pays pour en construire un nouveau.

Etablie en partenariat avec la Communauté de Communes du Haut-Perche, le Gouvernement du Canada, l'Union Européenne, l'Etat français, la Région Basse-Normandie et le Conseil Général de l'Orne, la Maison posséde de solides assises auprès des milieux universitaires français et canadiens. Elle s'appuie en effet sur un important programme de recherche scientifique (le PREFEN) qui vise à reconstituer les circonstances de l'émigration française aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les données obtenues par ce programme viendront enrichir le contenu offert au public et assurer la validité scientifique des présentations.

Infos pratiques

Toutes les informations pratiques (adresse, horaires, contacts, tarifs…) sont disponibles sur le site de la Maison de l’Emigration française au Canada

Des québécois à la quête de leurs ancêtres

Extrait du JT 13h

diffusé le 25 septembre 2017 sur France 2

Genèse d'un projet

La réalisation de la Maison de l'Emigration française au Canada est l'aboutissement des liens qui se sont rétablis entre la terre d'origine des premiers colons et celle où eux-mêmes et leurs descendants ont fait souche. La visite d'Honoré Mercier en 1891, à Tourouvre marque le début de ces retrouvailles. Avec l'amélioration des conditions de navigation, puis l'avènement de l'aviation, les voyages entre Amérique du Nord et Europe vont permettre de rendre les échanges d'informations plus nombreux. Le XXe siècle est marqué par un patient travail de recherche sur le plan généalogique et historique, en vue de répondre à la demande des visiteurs canadiens désireux de retrouver les documents, le village, voire, le cas échéant, la maison de leur ancêtre du XVIIe siècle. Parallèlement, depuis plus de quarante ans, de nombreuses personnalités canadiennes, notamment l'ambassadeur du Canada ou ses représentants, ont été présents dans le Perche à de nombreuses reprises.

Visite à Tourouvre d'Honoré Mercier, Premier ministre du Québec, ministre de l'Agriculture du Canada. Deux vitraux commémorent ce grand événement.

Visite à Mortagne et Tourouvre d'Abélard Turgeon, ministre des Eaux et forêts du Québec.

Inauguration, à l'église Notre-Dame de Mortagne, d'un vitrail à la mémoire de Pierre Boucher en présence de Pierre Dupuy, délégué du Gouvernement canadien.

M. Desy, ambassadeur du Canada en France, et son épouse née Corinne Boucher, visitent Tourouvre et inaugurent la foire-exposition de Mortagne.

Création de Perche-Canada, par Edouard Leboucher, président-fondateur, par le chanoine Jean Aubry, secrétaire général et par Fernand Fortin. But de l'association : l'accueil des descendants des colons percherons du XVIIe siècle et l'approfondissement de la connaissance généalogique et historique. Ce travail de longue haleine sera notamment entrepris par Mme Françoise Montagne et par son mari M. Pierre Montagne. Chaque année, depuis sa fondation, Perche-Canada fait notamment apposer des plaques commémoratives dans les églises où ont été baptisés les pionnières et les pionniers percherons de la Nouvelle-France.

Congrès de Perche-Canada à Mortagne en présence de Gérard Pelletier, ambassadeur du Canada.

Congrès de Perche-Canada à Bresolettes en présence de Gérard Pelletier, ambassadeur du Canada.

Congrès de Perche-Canada à Igé en présence de Gérard Pelletier, ambassadeur du Canada et de son épouse née Leduc.

Réception à l'hôtel de ville de Mortagne de M. Camille Laurin, ministre québécois du Développement culturel.

Congrès de Perche-Canada à Saint-Langis en présence de Gérard Pelletier, ambassadeur du Canada.

Congrès de Perche-Canada à Manou (Eure-et-Loir) sous la présidence de Michel Dupuy, ambassadeur du Canada en France.

Visite de Jean Pelletier, maire de Québec et de Gilles Duguay, attaché à l'ambassade du Canada.

A Tourouvre, 350e anniversaire de l'émigration percheronne en présence de Michel Dupuy, ambassadeur du Canada en France.

A Mortagne, visite de M. Michel Dupuy, ambassadeur du Canada en France, lors du congrès de Perche-Canada.

Inauguration à Tourouvre du musée de l'Emigration percheronne par Lucien Bouchard, ambassadeur du Canada en France.

Congrès de Perche-Canada à La Ventrouze en présence du Cardinal Gagnon.

Visite à Mortagne et Tourouvre, de Claude Charland, ambassadeur du Canada en France.

Saint-Cosme-en-Vairais, Benoît Bouchard, ambassadeur du Canada en France inaugure l'école primaire "Claude-Bouchard" en mémoire de son ancêtre.

Visite à Mortagne de M. Benoît Bouchard, ambassadeur du Canada en France.

Congrès de Perche-Canada à Randonnai en présence de Jacques Roy, ambassadeur du Canada en France.

La réflexion s'engage sur l'avenir du musée de l'émigration. Sous l'égide de la communauté de communes du Haut-Perche, présidée par Guy Monhée, l'idée d'une Maison de l’Emigration française au Canada est lancée. Le projet, sur le conseil de René Rivard, directeur du Bureau Cultura de Montréal, passe alors d'une dimension régionale à une thématique bi-nationale avec le soutien du Gouvernement canadien.

Congrès de Perche-Canada à Mortagne et Moulins-la-Marche en présence de M. Jacques Roy, ambassadeur du Canada en France.

La visite de Jean Chrétien, Premier ministre du Canada, est perçue dans le Perche, à Tourouvre et à Mortagne, comme un encouragement décisif à la réalisation du grand projet de la Maison de l'Emigration.

source : Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada

Notes pour un discours prononcé à Tourouvre
VISITE OFFICIELLE EN FRANCE DU PREMIER MINISTRE JEAN CHRETIEN
21-24 JUIN 2000

(le texte prononcé fait foi)

Monsieur le Préfet
Monsieur le Président du Conseil général
Mesdames et Messieurs les Maires de la Communauté de Communes
Monsieur le Maire de Tourouvre

Chers amis,

Permettez-moi de vous remercier pour ce chaleureux accueil dans la ville de Tourouvre. J'ai tenu à venir ici au cours de ma visite officielle en France parce que plus d'un Canadien-français sur cinq dont l'ancêtre est arrivé au Canada au XVIIe siècle, descend directement de la région du Perche. Ce chiffre prend tout son sens quand on pense que même si seulement 225 Percherons ont émigré au Canada, ils ont eu une descendance qui de nos jours est estimée à 1,5 million de Canadiens.

De plus, les historiens et démographes estiment que parce que les Percherons ont été parmi les premiers colons français au Canada, la majorité des Canadiens-français ont du sang percheron. C'est donc dire que le Perche est un des principaux berceaux de nos ancêtres.

Votre Communauté de Communes a l'ambitieux projet de créer une Maison de l’Emigration Française au Canada pour approfondir et perpétuer la mémoire de ceux qui se sont lancés, aux XVIIe et XVIIIe siècles, dans la grande aventure de la Nouvelle France. Je ne peux qu'applaudir à une telle initiative.

Pour vous aider à réaliser votre projet, permettez-moi, Monsieur le Maire, de vous offrir au nom du peuple canadien, une petite pierre de l'édifice que vous projetez d'ériger, c'est-à-dire le "Registre de tous les Actes de Baptême, de Mariage et de Sépulture du Québec ancien, de 1621 à 1799", où se sont établis les Percherons et leurs descendants, en espérant que cet outil indispensable facilitera les recherches qui seront effectuées dans votre Maison.

Je vous remercie.

source : Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada


Discours de M. Raymond Chrétien
DISCOURS PRONONCE A L'OCCASION DE LA CEREMONIE D'OUVERTURE DES PREMIERES JOURNEES D'ETUDE DE LA MAISON DE L'EMIGRATION FRANCAISE EN CANADA
(Paris, Maison des étudiants canadiens, le 20 juin 2001)
par S.E. Raymond Chrétien, Ambassadeur du Canada en France

Messieurs les représentants du Conseil général de l'Orne et de la Communauté de Communes du Haut Perche,
Monsieur le Délégué général du Québec,
Mesdames et Messieurs les Universitaires,
Distingués invités, chers amis,

Nous sommes réunis aujourd'hui à Paris, en cette Maison des étudiants canadiens, pour tenter de donner un contenu rationnel, un fondement scientifique, à l'Histoire de nos deux pays, la France et le Canada.

Cette histoire remonte au XVIIe siècle, à une époque où les conditions d'existence de nos peuples n'étaient pas celles que nous connaissons maintenant, à une époque oô rien ne favorisait le départ de quelques milliers de Français vers la vallée du Saint-Laurent et vers la baie Française en Acadie.

Qu'est-ce qui pouvait pousser de simples gens - soldats, engagés ou Filles du roi - à s'extraire de leur milieu d'origine, à partir sur les routes de France vers les ports de La Rochelle, Dieppe ou Bordeaux, pour aboutir à Québec après deux mois de pénible traversée de l'Atlantique ? Certainement pas l'attrait du climat rigoureux canadien ou les moeurs des tribus amérindiennes ennemies des Français ! Mais peut-être, davantage, simplement, le désir d'améliorer leur sort, de commencer une nouvelle vie en s'affranchissant des contraintes qui pesaient sur l'existence des paysans, des petits artisans ou des soldats qu'ils étaient. Ou peut-être plus simplement par goût de l'aventure…

Toutes ces questions autour des origines des premiers colons établis au Canada intéressent nos historiens depuis longtemps. Mais rares sont ceux qui ont pu y apporter un embryon de réponse. Vous le savez mieux que moi, on s'est souvent contenté de célébrer l'étroite parenté qui nous unit, de vanter le succès de cette transplantation française en terre d'Amérique. Mais reste encore à analyser dans le détail, individu par individu, tout le mouvement d'émigration entre la métropole française et sa colonie canadienne. Au-delà des aspects sentimentaux de notre filiation, - vous Français, descendants de familles qui ont peut-être vu partir vers le Canada certains de leurs membres, et nous Canadiens, descendants de ces émigrants -, il reste à étudier tout ce pan de notre Histoire commune à partir des sources d'archives conservées ici même en France.

Il y a eu bien sûr certains travaux pionniers de recherche comme ceux du généalogiste québécois Archange Godbout, dans la première moitié du 20e siècle, qui a réussi à arracher aux registres paroissiaux français quelques bribes d'information. Mais plus récemment, une historienne percheronne, Françoise Montagne, dont je salue la fille qui est ici présente aujourd'hui, a patiemment creusé les origines familiales des émigrants originaires de la région de Tourouvre. Ses recherches ont servi de base au Musée de l'émigration percheronne au Canada fondé en 1987 et inauguré à l'époque par Lucien Bouchard. C'est ce musée qui est, en quelque sorte, l'ancêtre du projet actuel pour lequel nous sommes réunis.

C'est donc en réponse à une initiative percheronne qu'un groupe d'élus locaux et de spécialistes canadiens a conçu ce projet de Maison de l’Emigration Française au Canada, maison à vocation nationale consacrée au thème de l'émigration vers le Canada. Ce groupe a travaillé pendant plus de trois ans à définir ce projet, notamment sur le plan muséologique et historique, et à en faire la promotion. Aujourd'hui, universitaires des deux côtés de l'Atlantique, élus et gestionnaires publics sommes réunis en journées d'étude pour mieux définir la vocation scientifique de cette Maison qui doit ouvrir ses portes à Tourouvre, en 2004.

Votre participation à ces journées d'étude, à l'invitation du Conseil général de l'Orne et de la Communauté de Communes du Haut-Perche, illustre éloquemment votre intérêt pour le thème annoncé. J'y vois de votre part un désir de contribuer au dynamisme d'un projet audacieux. Permettez-moi donc de vous remercier de votre présence.

La Maison de l’Emigration Française au Canada tire les leçons du parcours mitigé du Musée de l'émigration percheronne, projet ambitieux à l'origine mais qui a manqué de stimulants financiers et intellectuels. Elle aura une assise beaucoup plus large. Son ancrage s'étendra des institutions locales, départementales et régionales aux grandes universités et centres de recherche de France et du Canada.

Ce partenariat d'envergure assurera la réalisation d'un vaste programme de recherche axé non seulement sur les émigrants percherons mais aussi, à terme, sur l'ensemble des émigrants français. Il permettra de développer une meilleure compréhension de ces hommes et femmes de l'Ancien Régime qui ont migré loin de leur pays, et une meilleure analyse de leur environnement social et politique local, de leur existence au quotidien, de leur santé et de leur vie familiale.

Ces émigrants, ce sont nos ancêtres, ceux qui ont transposé et adapté leur savoir et leurs valeurs à un nouveau contexte, qui se sont démarqués progressivement de leur société originelle. Cette quête de notre substance constitutive correspond à ce besoin de tout être humain exprimé, entre autres, par le Connais-toi toi-même des penseurs antiques.

Dans cette démarche d'investigation, de précieux antécédents ont déblayé le terrain au cours du dernier quart de siècle, notamment au sein des universités québécoises : des ouvriers de la première heure ici présents vous les rappelleront, aujourd 'hui même lors de la première séance. Demain, d'autres spécialistes présenteront des synthèses de recherches récentes. Ils traiteront de certains aspects de l'émigration française vers le Canada dont celui de la génétique, domaine qui suscite un grand intérêt chez les chercheurs de toutes disciplines et sur lequel se fondent beaucoup d'espoirs.

Un élément essentiel de vos travaux portera sur la méthode de recherche, la technologie la plus appropriée et l'insertion dans des réseaux aptes à assurer l'arrimage entre les institutions locales et régionales, les universités et autres organismes culturels français et canadiens, et un public présent à Tourouvre ou naviguant sur l'Internet. Là encore, vous bénéficiez d'expériences éloquentes, comme celles de plusieurs universités québécoises, de la Bibliothèque nationale de France et de bases de données présentes sur le web. Des réalisations récentes dans certains dépôts d'archives du Canada et de France peuvent aussi servir de point de départ à la constitution de bases de données sur les émigrants.

Le programme de recherche envisagé comporte un ambitieux volet de dépouillement et de numérisation d'archives paroissiales et notariales. Le produit de cette recherche est destiné à documenter les travaux de toute nature, de la généalogie à la génétique en passant par l'histoire et la démographie. C'est peut-être là l'aspect le plus inédit et le plus novateur du projet. C'est là, aussi, que le défi est le plus grand. Sa planification devra être réaliste pour ne pas perdre de son élan. Son calendrier devra aboutir à des productions prochaines et convaincantes. Sa communication devra rejoindre un vaste public diversifié sans pour autant sacrifier à la qualité du contenu. Enfin, sa gestion devra viser le long terme et sauvegarder précieusement les partenariats nombreux et de toute provenance intellectuelle.

Vous l'aurez compris, la Maison de l’Emigration Française au Canada est un concept marqué au double sceau de l'enracinement et de l'ouverture : enracinement dans un terroir bien localisé, grâce à des acquis, des traditions, des institutions, des savoirs et des techniques procurant des assises stables. Ouverture sur des régions autres que celles du départ des premiers émigrants percherons, par des accords entre universités, des protocoles souples d'association entre institutions et chercheurs individuels. Ouverture intellectuelle surtout, par le respect de toute forme de savoir et d'expérience dans les domaines qui sont les vôtres.

C'est dans ces conditions que la Maison de l’Emigration Française au Canada deviendra un foyer d'études actif, d'échanges fructueux, attirant un public nombreux, diversifié et satisfait d'avoir alimenté sa recherche.

Le Gouvernement du Canada, que j'ai l'honneur de représenter ici, est fier de renouveler l'appui enthousiaste qu'il a déjà donné à ce projet par la voix de son Premier ministre en visite à Tourouvre il y a un an, presque jour pour jour.

On m'informe aussi que l'Université de Montréal serait disposée à mettre à la disposition du projet son importante banque de recherche en démographie historique, le PRDH.

Je suis d'autre part encouragé par la déclaration récente de Mme Louise Beaudoin concernant une éventuelle participation du Québec au volet de recherche de ce projet. Je souhaite sincèrement que le Québec s'y associera.

Je suis enfin convaincu que la France ne sera pas en reste d'appui, puisque ce projet figure parmi les actions culturelles conjointes les plus importantes envisagées par nos deux gouvernements.

A l'instar de Champlain, explorateur, homme de science et visionnaire dont nous célébrerons en 2004 le 400e anniversaire du premier établissement en terre acadienne, nous espérons de vous, spécialistes, un développement du corpus sur les émigrants français. Un beau projet scientifique d'envergure qui fera l'envie des chercheurs de toutes disciplines.

Ce que nous attendons de ce programme, c'est finalement un enrichissement de la recherche fondamentale pour une réécriture de notre Histoire commune.

Je vous remercie.

source : Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada

Allocution de M. Raymond Chrétien
DISCOURS PRONONCE A L'OCCASION DE LA CEREMONIE D'OUVERTURE DES PREMIERES JOURNEES D'ETUDE DE LA MAISON DE L'EMIGRATION FRANCAISE EN CANADA
(Alençon, le 22 juin 2001)
par S.E. Raymond Chrétien, Ambassadeur du Canada en France

Monsieur le Président du Conseil général de l'Orne,
Monsieur le Préfet de l'Orne,
Monsieur le Président de la Communauté des Communes du Haut-Perche,
Madame la Présidente de l'Université de Caen,
Mesdames, Messieurs les scientifiques,
Distingués invités,
Chers amis,

Lorsqu'il a été question , il y a trois ans, de créer une Maison de l’Emigration Française au Canada à Tourouvre pour redonner vie au Musée de l'Emigration percheronne, il avait été convenu que pour réussir, cette Maison devait être accompagnée d'une démarche de recherche scientifique sur les pionniers français qui ont été à l'origine du peuplement de la Nouvelle-France.

Comme nous venons de l'entendre de la part des deux rapporteurs des journées d'études qui se sont tenues à Paris depuis mercredi, (Messieurs Joseph Goy et Gérard Bouchard que je remercie vivement), ce nécessaire accompagnement est en voie de prendre forme.

Nous sommes ici aujourd'hui pour assister à la naissance d'un ambitieux programme de recherche qui non seulement alimentera le contenu de la Maison de l'Emigration mais ira bien au-delà, puisqu'il permettra un développement majeur du corpus de nos connaissances sur les émigrants français, propre à étayer l'histoire qui nous unit.

Ce projet de recherche sur l'émigration française en Nouvelle France se devait d'être encadré par les meilleurs universitaires de France et du Canada, et même des Etats-unis, qui se constitueront sous peu en Conseil scientifique. Cela est donc en voie d'être réalisé.

Il se devait qussi d'être dirigé par un chercheur chevronné dont l'expérience dans ce domaine n'est plus à démontrer : le professeur Yves Landry. Cela est fait.

La recherche portera d'abord sur trois cantons du Perche d'oô les premiers émigrants sont partis : Tourouvre, Mortagne et Bellême. Mais elle aura aussi un caractère national puisque l'ensemble des émigrants français de toutes les parties de France seront, à terme, répertoriés. Programme certes très ambitieux que nous nous engageons à réussir …

Les journées d'études de Paris auront permis de forger des partenariats essentiels entre universitaires et institutions de haut savoir (ce qui n'est pas toujours évident). Les autorités québécoises y ont aussi manifesté un intérêt certain, par la présence de leur délégué général à Paris.

Je remercie les autorités de l'Orne et de la Communauté de Commune du Haut-Perche des efforts déployés pour célébrer cette importante période de notre histoire commune. Je souhaite qu'ensemble, nous mènerons ce projet à bon port.

Personnellement, je n'en ai aucun doute.

Je vous remercie!

source : Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada

Allocution de M. Jacques Chirac
ALLOCUTION PRONONCEE A L'OCCASION DU LANCEMENT DU PROGRAMME CANADA-FRANCE 2004 ET DE LA VISITE DE L'EXPOSITION "LE CANADA VRAIMENT" EN COMPAGNIE DE SON EXCELLENCE MONSIEUR JEAN CHRETIEN PREMIER MINISTRE DU CANADA
(Cité des Sciences et de l'Industrie - Paris, mardi 9 décembre 2003)
par M. Jacques Chirac, Président de la République Française

Monsieur le Premier ministre,
Mon cher Jean,
Madame et Messieurs les ministres,
Mesdames, Messieurs,
Mes Chers amis,

D'abord, mon Cher Jean, je veux te dire combien je suis heureux de lancer officiellement, avec toi, le programme Canada-France 2004 et combien je me réjouis à cette occasion de visiter cette grande exposition consacrée au Canada du XXIe siècle. Je tiens à saluer, après toi, toutes celles et tous ceux qui, par leur travail, ont permis à ce bel et ambitieux projet de voir le jour, offrant du Canada l'image forte et séduisante d'un pays dynamique, résolument tourné vers l'avenir et décidé à incarner cette aspiration, si typiquement américaine, au progrès et au bonheur pour tous.

J'éprouve également, dans cette circonstance, une certaine émotion. Cet événement est le premier de tous ceux qui, en 2004, commémoreront le 400e anniversaire du premier établissement permanent français en Amérique du nord. Peu de nations peuvent ainsi célébrer quatre siècles d'histoire commune.

Il y a un mois, les représentants de la communauté acadienne organisaient à Fontainebleau, en présence de ministres du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse, une cérémonie destinée à célébrer la remise par Henri IV, le 8 novembre 1603, du brevet de "lieutenant gouverneur au pays de la Cadie à Pierre du Gua de Monts. Ce dernier, accompagné de Samuel de Champlain et d'une centaine d'hommes, allait fonder sur l'Île de Sainte-Croix, en juin 1604, le premier établissement français permanent. Le courage, l'esprit d'aventure, l'opiniâtreté de ces explorateurs et de ceux qui les ont suivis, leur foi dans leur mission au service de la France conduisaient, quatre ans plus tard, à la fondation de la ville de Québec qui fêtera ses quatre cents ans d'existence en 2008.

Ainsi, pendant les quatre prochaines années, allons-nous commémorer quatre siècles de découvertes et d'échanges, notamment avec les Premières Nations, des Amérindiens curieux de ces nouveaux venus et somme toute assez bienveillants, et d'ailleurs sans l'aide desquels les pionniers européens n'auraient pas pu survivre. Les liens qui unissent nos deux pays se sont nourris et enrichis de ces échanges. Ils font de la relation entre le Canada et la France une relation unique, fondée sur une communauté de langue, de culture et même de système juridique puisque l'année prochaine, nous commémorerons ensemble le bicentenaire du Code Civil.

Je ressens aussi une grande fierté aujourd'hui : ces 400 ans de changements profonds de la carte du monde et de nos sociétés tissent la trame d'une amitié ininterrompue, d'un lien qui a résisté aux tempêtes de l'histoire, d'une fraternité qu'ont magnifiquement incarnée les soldats canadiens engagés sur le sol de France, aux côtés de leurs camarades des autres nations alliées, lors des deux conflits mondiaux du XXe siècle. Les Français n'oublieront jamais ce qu'ils doivent à ces valeureux combattants venus, par deux fois, les aider à recouvrer leur liberté. Notre amitié se nourrit aussi désormais d'une coopération intense et dynamique dans les domaines aussi bien économique que culturel, scientifique, technique.

Au moment où vous vous préparez, Monsieur le Premier ministre, au moment où tu te prépares mon cher Jean, à quitter la vie politique, à mon grand regret, je tiens à dire publiquement que jamais les relations entre la France et le Canada n'ont été meilleures, jamais. Jamais les valeurs que nos deux pays ont en héritage ne nous ont autant rapprochés. Même conception des relations internationales, fondée sur la primauté du droit, sur le respect des peuples, sur les droits de l'homme, sur le rôle des Nations Unies ; même souci d'agir en faveur du développement durable, de l'Afrique et de l'environnement ; même engagement en faveur de la solidarité internationale, de la diversité culturelle et de la Francophonie.

Témoignant de notre cousinage, une Maison de l’Emigration Française au Canada, Maison de la généalogie, va prochainement ouvrir ses portes à Tourouvre, en Normandie. Tourouvre, d'où sont partis tant de candidats à une vie meilleure en Nouvelle-France.

Autre lieu de mémoire, cette magnifique exposition virtuelle sur la Nouvelle-France inaugurée en novembre dernier et qui, grâce à un travail exceptionnel de numérisation des archives, a permis de rassembler plus de 600 000 images et un millier de données cartographiques destinées à faire revivre l'aventure qui unit nos deux peuples. Je tiens à saluer, tout particulièrement, celles et ceux qui ont apporté leur concours à ce superbe projet. Ce défi technologique, fruit de l'étroite collaboration entre la Direction des Archives de France et les Archives nationales du Canada, est à l'image de la relation unique entre le Canada et la France.

Appelée "Horizons nouveaux, histoire d'une terre française en Amérique", cette réalisation magistrale montre à quel point ce 400e anniversaire du fait français en Amérique du nord est une incitation à nous projeter, nous aussi, vers de nouveaux horizons.

L'exposition "le Canada Vraiment" en est, à tous égards, l'illustration. Elle offre l'image d'un grand pays moderne, dynamique, multiculturel, ouvert sur l'avenir, débarrassé de certains de ses clichés folkloriques. Elle nous incite à aborder avec confiance les nouvelles frontières de la science, les défis de l'urbanisme contemporain, les questions éthiques que suscitent nos modes de vie, leur impact sur notre environnement. Elle nous invite aussi à être toujours plus ambitieux dans nos relations.

Ceux qui, par leur courage et leur persévérance, ont fait naître le fait français en Amérique du nord ; ceux qui, dans des conditions souvent difficiles, en ont assuré la survie pour en faire un des éléments de l'identité canadienne ; ceux qui ont participé à la naissance et à l'affirmation d'un grand pays moderne, nous ont laissé un héritage que nous devons faire fructifier. Cet avenir, nos jeunes vont le construire. C'est le sens de l'accord signé à Ottawa, en mai dernier, à l'occasion de la visite du Premier ministre, M. Jean-Pierre RAFFARIN. Il va permettre à 14 000 jeunes Français et Canadiens de traverser l'Atlantique dans le cadre de programmes d'échanges et de découverte, contribuant ainsi à rendre encore plus vivante et dynamique la relation entre le Canada et la France. Merci pour le rôle essentiel que tu as eu dans cette belle initiative.

Monsieur le Premier ministre, Mon cher Jean,

L'anniversaire de la première installation de colons français en Amérique est l'occasion d'un retour en arrière émouvant et nostalgique. C'est surtout l'occasion de mesurer l'oeuvre accomplie par des générations de Canadiens avec lesquels nous, Français, sommes en pleine intelligence. Le Canada incarne aux yeux de mes compatriotes un rêve d'Amérique, où tout est possible, où chacun, à force de travail, peut trouver sa place. Un idéal de tolérance, qui apporte chaque jour la preuve que l'on peut être soi-même et en même temps ouvert aux autres.

Quelle belle leçon à l'aube de ce siècle, leçon qu'incarne le Canada et si tu me permets de le dire, une leçon que tu as si brillamment incarnée pendant tout le temps où tu en as dirigé le destin. Quel exemple pour tant de pays ! Quelle invitation à espérer en l'avenir !

Je te remercie, je vous remercie.

source : Présidence de la République Française (2004)

Foyers d'émigration percheronne

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