
Selon ses propres déclarations, à l’occasion des recensements de 1666 et 1667 en Nouvelle-France, Robert Giffard serait né vers l’an 1587. Son acte de baptême a disparu mais son père, Guillaume, habite au lieu-dit Moncel, à moins d’un kilomètre de la paroisse d’Autheuil[1] dans le Perche, où il fait probablement baptiser son fils.
Robert Giffard a deux sœurs et deux frères aînés, issus du premier mariage de sa mère, Louise Viron, avec le marchand Jean Pinguet. Les parents de Giffard décédés, c’est auprès de son demi-frère, Noël Pinguet, qu’il se réfugie en 1608. Noël Pinguet est prêtre et sous-diacre de Tourouvre depuis 1606 et son savoir fera de lui le principal du collège de Mortagne. Giffard étudie jusqu’à sa majorité pour ouvrir en 1615 une boutique d’apothicaire à Tourouvre. Il poursuit cette activité à Mortagne dès 1619.
Deux ou trois ans plus tard, Giffard embarque sur un navire de la Compagnie de Guillaume de Caen en qualité de chirurgien. C’est l’occasion pour lui de découvrir la Nouvelle-France où il se construit une cabane, au lieu de la Canardière, sur la côte de Beauport. Il revient dans le Perche en 1626 et dès le 24 mars 1627, se porte volontaire pour repartir en tant que chirurgien de la marine, dans la Compagnie de Montmorency. L’expédition tourne mal : au large de Tadoussac la flotte est attaquée par les Anglais et le navire sur lequel voyage Giffard est capturé. Lauson rapportera en 1652 que les pertes de Giffard en cette occasion étaient grandes et qu’elles comprenaient tant du bétail que des serviteurs. Ainsi s’agissait-il là pour Giffard d’une première tentative, avortée, de s’installer en Nouvelle-France.
Enfermé temporairement et privé de ses biens, Giffard parvient néanmoins à rejoindre Mortagne où il passe un contrat de mariage, le 12 février 1628, avec Marie Regnouard (variante orthographique Renouard), fille de Charles Regnouard et de Jacqueline Michel, baptisée le 8 septembre 1599 en l'église Notre-Dame de Mortagne.
Marie Renouard a sept frères et sœurs, tous baptisés à Mortagne : Marie (baptisée le 8 octobre 1592), Bonaventure (baptisé le 13 août 1594), Madeleine (baptisée le 7 septembre 1596), Hester (baptisée le 14 janvier 1598), Jehan (baptisé le 14 mai 1603), Hugues (baptisé le 9 novembre 1605) et Catherine (baptisée le 6 octobre 1607).
Le couple Robert Giffard et Marie Regnouard donnent vie à deux enfants avant de s'embarquer pour la Nouvelle-France au printemps de 1634:
• Marie Françoise, baptisée le 4 décembre 1628 à Mortagne. Elle épouse le percheron Jean Juchereau, sieur de La Ferté, originaire de La Ferté-Vidame, le 21 novembre 1645 à Québec. Marie décède le 11 août 1665 à Québec et y est inhumée le lendemain.
• Charles, baptisé le 30 décembre 1631 à Mortagne. Charles Giffard repasse en France le 31 octobre 1646 à l'occasion d'un voyage de son père mais il ne revient pas dans sa région natale. Le seul acte le mentionnant dans le Perche est son acte de baptême.
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L’activité incessante de Robert Giffard se voit récompensée : le 11 avril 1647 on lui octroie une nouvelle seigneurie, celle de Saint-Gabriel, au nord-ouest de Québec, dont il donne les trois quarts aux Jésuites et le reste aux Hospitalières à l’occasion de l’entrée en religion de sa fille Françoise.
En 1648, il est admis au Conseil de Québec.
En 1649, il ceint de fortifications son village de Fargy et se rend une dernière fois sur les terres de son enfance où il passe une procuration le 16 mars 1650 à Tourouvre.
L’influence de Giffard gagne sans cesse en importance : le 4 mars 1652, le gouverneur Lauson consent à réduire de plus de moitié la dette de 1 645 livres que le seigneur de Beauport doit aux Cent-Associés (le 12 août suivant, sa fille Louise épouse Charles de Lauson). Le 15 novembre 1653, la vaste seigneurie de Mille-Vaches, au sud de Tadoussac, lui est offerte et enfin, ultime distinction, le 1er septembre 1658, Louis XIV accorde à Robert Giffard ses Lettres de Noblesse, pour ses « bons et agréables services » .
En 1663, on estime que la famille Giffard détient la septième plus grande étendue de terres de la colonie mais d’un autre côté, seule une maigre partie de celle-ci est mise en valeur.
Cinq ans plus tard, le 14 avril 1668, Robert Giffard meurt en son manoir de Beauport à l’âge présumé de 81 ans. Il est inhumé deux jours plus tard au cimetière de Beauport. Le nom de Giffard ne perdurera pas en Nouvelle-France : ses filles seules transmettront son sang aux générations suivantes.
Le 20 mars 1673, Marie Regnouard, veuve depuis 1668, cède la seigneurie à son fils Joseph, qui devient ainsi le deuxième seigneur de Beauport. Elle a probablement fini ses jours au manoir seigneurial.
L'avenue Renouard dans le quartier du Vieux-Moulin de l’arrondissement de Beauport de la ville de Québec rend hommage à cette pionnière percheronne depuis le 19 novembre 1945, date de dénomination de l’artère. L'avenue Renouard portait initialement le nom de rue Renouard, adopté le 1er avril 1935.
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partis en Nouvelle-France aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Liste mise-à-jour par Perche-Québec en novembre 2023